Chers Compatriotes,

Célébrée le 05 juin de chaque année depuis 50 ans, la journée mondiale de l’environnement est une opportunité pour les États, mais aussi pour chacune et chacun d’entre nous, de penser à la préservation de l’environnement comme seul et unique moyen de garantir notre mieux être et la survie des générations futures.

Cette année, pour marquer le cinquantenaire de sa création, l’Organisation des Nations Unies a décidé de placer ce 5 juin sous le thème du combat contre la pollution plastique.

C’était déjà le cas il y a cinq ans et la reprise de ce thème indique combien il est crucial pour notre avenir de nous mobiliser pour s’attaquer à ce véritable fléau environnemental.

Chers Compatriotes,

L’État des lieux global de la pollution plastique parle de lui- même. Au rythme actuel, elle devrait tripler d’ici à 2050 et générer près de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les déchets plastiques représentent 85% de tous les déchets marins et on estime que dans deux ou trois décennies, il y aura dans les océans, les lacs et les fleuves, plus de plastique que de poissons. En Afrique, ce sont 165 millions de tonnes de plastique qui arriveront en fin de vie dans les dix ans. Leur dissémination dans la nature asphyxie les sols, réduit leur perméabilité et tarit leur fertilité, avec les conséquences économiques, sociales et humaines que nous constatons : obstruction des conduits d’eau, inondations, pollution de la nappe phréatique, insalubrité, prolifération des moustiques et des bactéries… Une fois jeté, le plastique pollue encore pendant des centaines d’années, avant que ses microparticules disparaissent complétement. Un sachet plastique met 450 ans à se décomposer intégralement et une bouteille d’eau, jusqu’à 1000 ans. A cela s’ajoute la dissémination dans ce que nous mangeons, buvons et respirons, des micros plastiques que nous absorbons quotidiennement, sans nous en rendre compte.

Chers Compatriotes,

Chaque année, les saisons pluvieuses se traduisent chez nous par des amoncellements de déchets plastiques. Charriés par les eaux, ils s’entassent en amas compacts le long des routes, dans les décharges sauvages et, en obstruant les caniveaux, ils contribuent directement aux inondations et aux glissements de terrain. En s’infiltrant dans nos sols, ils tendent à les rendre improductifs. En contaminant nos rivières, ils tuent nos poissons et portent atteinte à la qualité de notre eau potable. Près de 15% de l’ensemble des déchets solides produits à Brazzaville et à Pointe Noire sont en plastique à usage unique, non biodégradable et non recyclé.

Chers Compatriotes,

Conscient de cette situation et sous l’impulsion du Président Denis SASSOU N’GUESSO, Chef de l’État et premier écologiste du Congo, le gouvernement de la république a, par décret en date du 20 juillet 2011, été l’un des tous premier pays du continent africain à interdire l’importation, la production et la commercialisation des sachets et films plastique à usage unique.

Il ne s’agit évidemment pas d’interdire la matière plastique en tant que telle, dont les applications multiples présentent de nombreux avantages en termes d’hygiène, de coût et de polyvalence, mais d’en réglementer l’usage et de favoriser la recherche de solutions alternatives via le recyclage et l’utilisation d’emballages moins polluants. Malheureusement, force est de constater qu’après une période pendant laquelle la loi a été mise en vigueur avec succès, les mauvaises habitudes ont repris le dessous. Douze ans après, chacun peut constater la réapparition massive des films et sachets plastique dans nos villes et sur nos marchés, lesquels constituent une menace directe pour notre environnement, mais aussi pour notre santé, de par leurs propriétés toxiques, infectieuses, oxydantes et cancérigènes. Ces produits prohibés sont soit fabriqués clandestinement sur notre territoire, soit importés en toute illégalité.

C’est pourquoi les autorités concernées-préfets, sous-préfets, douaniers, fonctionnaires chargés du contrôle des normes de consommation et de l’hygiène publique- sont invitées à une application stricte du décret du 20 juillet 2011.

Chers Compatriotes,

Sortir de la pollution plastique n’est pas qu’une affaire de mesures règlementaires, même si le futur traité international attendu en ce domaine pour 2024 à l’initiative des Nations Unies et qui aura valeur contraignante pour les États signataires, sera le bienvenu.

La solution, c’est de promouvoir une économie circulaire dans laquelle le plastique sera réutilisé au lieu d’être jeté. C’est pourquoi j’invite les collectivités locales à élaborer des plans de gestion écologique incluant la collecte, le tri, le transport, le recyclage, la valorisation et l’élimination des déchets. J’invite le secteur privé, grand consommateur de plastique, à manifester son intérêt pour cette thématique et à l’inclure systématiquement au titre de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. J’invite les sociétés en charge du ramassage et du traitement des ordures à accorder une attention particulière à la composante plastique des déchets et à leur gestion écologiquement responsable. J’invite enfin les Congolaises et Congolais au changement de mentalité et de comportement en prenant exemple sur ces ramasseurs bénévoles de plastique qui, des plages de la Côte Atlantique aux quartiers de Brazzaville en passant par les bords de nos rivières, s’emploient régulièrement à rendre notre cadre de vie sain et agréable.

Chacun doit prendre conscience qu’en jetant une bouteille d’eau vide ou un sachet plastique usagé dans la nature, c’est un peu de l’avenir de nos enfants que nous hypothéquons.

C’est par la conjugaison des efforts de tous que, collectivement, nous parviendrons à une véritable mobilisation contre cette bombe à retardement qu’est la pollution plastique. Une mobilisation dont nous aurons bien besoin si nous voulons éviter que l’Afrique devienne la poubelle du monde vers laquelle les pays riches se tournent pour se débarrasser de leurs déchets plastiques, comme ils le font déjà pour leurs composants électriques et électroniques usagés.

Ensemble,  combattons la pollution par le plastique,  ici et maintenant.

Vive le Congo Vert, durable et responsable.  

Je vous remercie.

Arlette SOUDAN-NONAULT. –