Mesdames et Messieurs, Chers Compatriotes,

En ce 17 juin, journée mondiale de lutte contre la désertification, les Nations Unies ont choisi pour thème : « Tous ensemble pour vaincre la sécheresse ! ».

Le hasard du calendrier veut que cette journée soit célébrée une semaine après la clôture à Abidjan de la CoP 15 sur la désertification, laquelle a mis l’accent sur le fait que l’Afrique, notre continent, soit la région la plus menacée au monde par ce phénomène. En effet, si la désertification concerne près de 40 % des terres émergées de la planète et affecte déjà environ la moitié de l’humanité, l’Afrique est le seul continent où deux tiers des terres arables pourraient disparaître d’ici 2025 sous l’effet de la sécheresse et de la dégradation des sols, selon une récente évaluation de la FAO.

Cette angoisse, ce stress hydrique, joints au choc climatique et au choc inflationniste dû à la guerre en Ukraine concerne et fragilise particulièrement l’Afrique de l’Est, où les réfugiés de la sécheresse se comptent par millions, l’Afrique australe et l’Afrique sahélienne. À la CoP 15 d’Abidjan, les délégués Africains se sont battus pour qu’un protocole additionnel soit ajouté à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. Ce protocole aurait permis de drainer des financements pour prévenir les conséquences des grandes sécheresses. Hélas, leur insistance s’est heurtée au refus et à l’égoïsme des grandes puissances. Soyons lucides : la lutte contre la désertification reste une cause marginale aux yeux de la communauté internationale, comme si elle ne concernait l’avenir que de quelques pays pauvres d’Afrique.

Mesdames et Messieurs, Chers Compatriotes,

Nous voici donc face à nos propres responsabilités, contraint de mettre en place des plans d’action nationaux et des modes de production durables et résilients pour faire face à l’inexorable avancée de la désertification. Le Congo notre pays bénéficie certes d’un climat équatorial arrosé qui le met en principe à l’abri des pénuries d’eau. Mais attention : la désertification, ce n’est pas seulement l’absence de pluies. Elle concerne tout le processus de dégradation des terres, dont le désert n’est que le stade ultime. Les zones humides sont également touchées par la perte de fertilité des sols et l’impact de cette destruction sur la production agricole et la disponibilité de l’eau saine est évidente. Nous devons donc être vigilants et nous le sommes, grâce à la volonté politique et à l’attention permanente que porte aux défis environnementaux le Président Denis SASSOU-N’GUESSO, premier écologiste du Congo. Notre écosystème est en grande partie préservé des ravages de la déforestation à travers les plans d’aménagement dédiés et la certification des concessions selon les meilleurs standards au monde. Notre arsenal législatif nous permet d’encadrer et au besoin de sanctionner les industries extractives, dont les rejets sont susceptibles d’épuiser les sols et de polluer les cours d’eau, donc de faire progresser la désertification. Même vigilance en ce qui concerne les pesticides toxiques, les sachets en plastique, les déchets miniers et tout ce qui est en mesure de dégrader nos terres.

Sur le plan institutionnel, le Congo notre pays, qui est partie prenante la Convention de l’ONU sur la désertification, participe également au Groupe de Travail sur la désertification de la Commission des forêts d’Afrique centrale. Est-il enfin besoin de préciser que la prévention des effets néfastes de la sécheresse est au cœur des préoccupations de la Commission Climat du Bassin du Congo, dont plusieurs pays membres, tels le Tchad, le Kenya ou le Soudan du Sud sont directement impactés par ce phénomène destructeur.

Mesdames et Messieurs, Chers Compatriotes,

Se mettre ensemble pour vaincre la sécheresse, thème de cette journée internationale, cela signifie savoir que les vaccins contre la désertification existent. Ils s’appellent gestion durable des terres, agroforesterie, régénération des sols, irrigation responsable. Cela signifie aussi, prendre conscience que la préservation des terres est un défi majeur pour réduire la faim dans le monde, où un milliard et demi de personnes, dont une majorité d’Africains, vivent sur des terres dégradées. Cela signifie enfin qu’en tant que citoyens de ce pays, nous devons toutes et tous considérer le sol du Congo comme un bien public et un patrimoine commun qu’il nous revient de préserver.

« Ce n’est pas le désert qui avance, ce sont les hommes qui créent de nouveaux déserts », entend-on parfois. À nous de démentir cette prédiction en faisant en sorte que, dans notre cher et beau pays, la nature foisonnante de vie qui nous a précédé ici-bas puisse nous survivre.

Vive le Bassin du Congo, dernier poumon du monde ! Vive le Congo, notre maison commune!

Je vous remercie.

Arlette SOUDAN-NONAULT. –