Mesdames et Messieurs,
Chers compatriotes,

Chaque 2 février depuis maintenant 52 ans, la communauté internationale célèbre la journée mondiale sur les zones humides, placée cette année sous le thème  » Il est urgent de Restaurer les Zones Humides ». Ce jour correspondant à l’adoption, le 2 février 1971, de la Convention dite de RAMSAR, signée par 172 États et parties contractantes, dont la République du Congo, notre pays.

Les zones humides, est-il besoin de le rappeler, exercent une fonction vitale pour l’humanité. Lieux de contacts entre la terre et l’eau, lieux d’échanges entre les mondes aquatique et terrestre, cet écosystème particulièrement précieux et fragile inclut chez nous au Congo les tourbières, les lacs, les rivières, les marécages, les plaines d’inondation, les étangs de pisciculture et d’aquaculture, mais aussi les mangroves les lagunes et les estuaires. Essentielles dans le cycle de l’eau, du carbone et des éléments nutritifs, ces lieux sont aussi des réservoirs uniques de la biodiversité. 40% des espèces mondiales vivent et se reproduisent dans ces zones humides, où subsistent plus d’un milliard de personnes à travers le monde. Enfin, leur rôle de premier plan dans la lutte contre le réchauffement climatique et ses effets néfastes n’est plus à démontrer : les tourbières à elles seules retiennent 30% du carbone atmosphérique de la planète, soit deux fois plus que les forêts. Et les mangroves côtières sont primordiales dans l’atténuation de la montée des eaux de mer.

Mesdames et Messieurs,
Chers compatriotes,

Considéré comme l’écosystème le plus précieux au monde de par les fonctions vitales qu’elles exercent, les zones humides sont aujourd’hui parmi les plus menacées. 64% d’entre elles ont disparu au cours du siècle écoulé et cette régression aussi accélérée qu’inquiétante est avant tout due à l’activité humaine. L’urbanisation sauvage, l’exploitation forestière et minière incontrôlée, le drainage, l’ensablement, la pollution d’eau, la surpêche, les pesticides toxiques, l’assèchement pour les besoins de production agricole ou énergétique, contribuent chacun à leur manière à la détérioration et à la disparition des zones humides et de la biodiversité qu’elles recèlent. Chez nous, au Congo, si les tourbières de la cuvette centrale et leurs 31.000.000.000 gigatonnes de carbone capturé sont encore relativement intactes, une grande vigilance s’impose pour éviter qu’une exploitation forestière, agricole, pétrolière, gazière ou minière non maîtrisée et peu soucieuse de l’environnement, porte atteinte à leur intégrité. Quant aux mangroves de notre côte Atlantique, elles ont perdu plus de la moitié de leur superficie et nécessitent une restauration urgente pour retrouver leurs fonctions régaliennes.

Mesdames et Messieurs,
Chers compatriotes,

C’est dire si le thème de cette journée nous concerne toutes et tous. Sous l’impulsion du Président Denis SASSOU N’GUESSO, Chef de l’État, Président de la Commission Climat du Bassin du Congo, notre pays est entré résolument dans l’ère de la civilisation écologique. Il en est même l’un des pionniers au niveau mondial avec, notamment, cet appel à une décennie de l’Afforestation lancé par notre Président lors de la COP27 et qui a reçu partout un écho favorable, car porté par un homme dont l’engagement en la matière ne s’est jamais démenti depuis sa participation au premier Sommet de la terre, à Rio, il y a plus de 30 ans.

Mais c’est au Gouvernement, qui ne ménage aucun effort en ce sens, et aux citoyens de ce pays qu’incombe la tâche d’appliquer au quotidien les bonnes pratiques de préservation et de restauration des zones humides. Tout en associant les communautés et les entreprises aux phases de planification et de mise en œuvre, ainsi que les autorités locales, il nous faut nettoyer les zones humides dégradées des débris, déchets, résidus et espèces invasives qui s’y trouvent, réimplanter la végétation et la faune, aménager les accès et faire preuve de vigilance quant aux tentatives d’intrusion indésirables d’activités humaines polluantes.

Ce n’est qu’au prix de cet engagement politique, solidaire et citoyen que nous préserverons ces inestimables puits de carbone bleu que sont les zones humides. Il ne s’agit évidemment pas de transformer nos 14 sites humides reconnus, dits « Sites Ramsar », en autant de zones interdites. Bien au contraire : ces sites peuvent et doivent être une source de revenus pour notre pays, dans le cadre d’une exploitation responsable de l’écotourisme et grâce aux crédits suscités par leur extraordinaire capacité d’absorption du carbone. Encore faut-il que tous, gouvernement, société civile, acteurs économiques et sociaux, institutions financières et bien sûr communautés locales concernées, prenions conscience de la nécessité de préserver et de restaurer cet inestimable bien commun. Tel est le but de cette journée internationale.

Je vous remercie.

Arlette SOUDAN-NONAULT. –